F6KSS/F8DFO
QU’EST CE QUE LA TELEGRAPHIE ?
Le mot « télégraphie » désigne en fait plusieurs modes de transmission. Le premier qui nous vient à l’esprit est bien entendu le Morse ou la CW. C’est essentiellement sur ce mode que nous axerons dans cet article . Parmi les autres modes télégraphiques, il y a aussi le télétype (RTTY).
UN PEU D’HISTOIRE
Nul ne peut parler de CW sans rappeler le nom de son pionnier : Samuel Finley Breese Morse ; un américain. Né le 27 avril 1791 et décédé en 1872, Samuel F.B. Morse, peintre de profession, s’adonnait à l’expérimentation chimique et électrique pendant ses heures de loisirs. C’est lors d’un voyage en bateau entre les Etats-Unis et l’Angleterre, en 1832, qu’il eût la première idée de transmettre des signaux télégraphiques par radio. Cinq ans plus tard, en 1837, après de nombreux déboires avec l’administration américaine, il mit véritablement au point son procédé et déposa un premier brevet. Finalement, le 24 mai 1843, une ligne filaire de 71 km de long permit à un message codé d’être reçu à Baltimore par l’assistant de Morse, Alfred Vail. Plus tard, on mettait au point les premières machines à Morse avant de voir les signaux transmis par radio. La plus célèbre anecdote que l’on connaisse à ce jour, est certainement le premier SOS de l’histoire, celui du naufrage du Titanic, dans la nuit du 14 au 15 avril 1912. Le signal de détresse SOS (qui jusqu’à une époque était »CQD »), avait et a toujours pour signification : « Save Our Soûls » ou, en français : « Sauvez nos âmes ».
LE CODE MORSE
Samuel F.B. Morse était non seulement le concepteur de la première ligne télégraphique efficace, mais aussi l’inventeur du code qui porte son nom. Au départ, le code Morse était bien plus compliqué que celui que nous connaissons actuellement. En plus de points et de traits, on incluait dans certaines lettres des espaces d’une certaine durée, faisant partie intégrante du caractère. Par exemple, la lettre « C » (trait point trait point), était composée de la manière suivante : trait trait espace point. Le code que nous connaissons actuellement et qui est utilisé dans le monde entier de la même façon, a été officiellement adopté en 1925 lors de la création de l’Union Internationale des Télécommunications, une division de l’ONU.
UN PEU DE TECHNIQUE
CW est l’abréviation de Continuous Wave (encore appelé Carrier Wave). En français, ce terme a pour signification « Onde Continue » ou « Onde Porteuse ». Il s’agit d’un signal constitué d’une simple porteuse non modulée que l’on découpe en points et en traits, au rythme musical du code Morse. Côté réception, le son très caractéristique de la CW est en fait produit par le récepteur lui même, qui ne fait que rajouter une modulation à cette porteuse. On utilise un BFO ou Beat Frequency Oscillator pour restituer la modulation manquante. Ce BFO mélange le signal de la Fréquence Intermédiaire au signal d’un autre oscillateur afin d’obtenir un signal audible. En supposant que l’on veuille un signal BF de 800 Hz (ce qui est confortable en CW), si nous avons une FI à 455 kHz, le BFO sera alors réglé sur 455.8 kHz (ou sur 454,2 kHz) pour obtenir une différence, par addition ou soustraction, de 800 Hz.
DANS LA PRATIQUE
II existe diverses façons de transmettre et de recevoir la télégraphie. On peut la transmettre automatiquement ou manuellement. Pour la transmission manuelle, les seuls outils nécessaires sont un manipulateur (dont nous décrivons les principaux types plus loin) et une bonne paire d’oreilles. En matière de transmissions automatiques, on utilise le plus souvent un ordinateur associé à une interface.Contrairement à ce que l’on entend autour de soi, la télégraphie, et en particulier le Morse, est loin d’être un mode inutilisé de nos jours. Il suffit de scruter les bandes décamétriques à l’aide d’un récepteur pour s’en apercevoir. Ainsi, des milliers de messages télégraphiques parcourent le monde, que ce soit sur les bandes maritimes, militaires ou amateurs.La télégraphie permet de faire passer un message même dans les conditions de bande les plus difficiles. Par exemple, en l’absence de propagation, lorsque la phonie ne « passe plus », il reste encore possible d’entendre un signal CW, si faible qu’il puisse être. En matière d’émetteurs, des circuits très simples permettent de générer et d’émettre du Morse. Lorsque de faibles puissances sont mises en jeu, la CW remplace efficacement la phonie. Tant d’arguments qui font que la CW est ce qu’elle est aujourd’hui, un mode comme les autres, et de loin le plus efficace dans des conditions extrêmes. Chez les radioamateurs en particulier, la CW attire encore une quantité importante d’individus sur les bandes décamétriques (et parfois au-dessus), notamment pendant les concours.
LES MANIPULATEURS
Du plus simple au plus compliqué, les manipulateurs Morse sont parfois des chefs-d’oeuvre de la mécanique de précision, et font la joie des collectionneurs.
On en trouve de toutes les formes, aucun ne ressemblant à l’autre. Les opérateurs ont eux aussi leurs préférences quant au choix des manipulateurs. Le manipulateur le plus connu est certainement le manipulateur droit à simple contact. Ce nom ne vous dit peut-être rien, mais si on vous dit le mot « pioche », il est inutile de donner plus de précisions.
Ensuite, il y a les « vibro » qui s’utilisent horizontalement. Les traits sont faits manuellement et les points sont générés à l’aide d’une barre mobile, d’un ressort et d’un contrepoids réglable. On se trouve là dans le domaine des manipulateurs semi-automatiques. Après, on passe aux manipulateurs électroniques avec les manipulateurs à double contact simple clé, comme pour le « vibro », à la différence que les points et les traits sont générés par un circuit électronique appelé « keyer ». Le manipulateur devient alors un simple contacteur ; les points d’un côté, les traits de l’autre. Le keyer étant électronique, il devient possible de régler la vitesse, la durée des espaces entre les signes et parfois même d’enregistrer des textes dans une ou plusieurs mémoires. Ce genre de dispositif est plutôt pratique lors d’un contest…
Après les doubles contacts à simple clé, passons aux doubles contacts à double clé. Là, les choses se compliquent un peu. Mais au fait, quel est l’intérêt d’avoir deux clés ?La réponse est toute simple. Les points sont générés à l’aide d’une clé, généralement celle de gauche, tandis que la clé de droite sert à générer des traits. Jusque-là, on ne voit toujours pas l’intérêt d’avoir deux clés. Il y a dans l’alphabet plusieurs caractères dits « composés » qui sont constitués de points suivis de traits et vice versa. Si l’on appuie sur la clé de gauche, le keyer débite une série de points. Si l’on appuie sur la clé de droite, le keyer débite une série de traits. Et lorsqu’on serre les deux clés en même temps, le keyer génère une série de points et de traits les uns après les autres (_._._._). Cela permet de réduire considérablement le nombre de mouvements. Ce système se nomme plus communément « lambic », un mot d’origine grecque qui est synonyme de « double » ou « composé ». Il y a quelques années, un amateur britannique avait conçu un keyer « triam-bic » qui permettait, à l’aide d’une troisième clé, de générer les double points ! Le système est malheureusement resté à l’état expérimental car trop compliqué à mettre en oeuvre et demandant autant de souplesse dans les doigts qu’un pianiste professionnel.
Bref, nous avons fait le tour des différents types de manipulateurs existants (en dehors de l’ordinateur) et nous pouvons donc conclure sur ce point. Les « mécaniques » permettent de transmettre à des vitesses honorables, les « électroniques » à des vitesses plus élevées ; à chaque manipulateur son utilisation.
L’ERE DE L’INFORMATIQUE
La CW peut aussi se pratiquer à l’aide d’un ordinateur et d’une interface en conséquence. Bien que les puristes n’apprécient guère ce type de transmission (certains voudraient l’interdire…), la transmission télégraphique automatique permet de transmettre le Morse à de très grandes vitesses et de le décoder sans se fatiguer. Le seul défaut avec ce système : si l’on essaye de décoder un signal émis manuellement (avec tous les « défauts » qu’il peut comporter), l’ordinateur ne pourra décoder correctement que si le signal est émis uniformément, sans changements de vitesse et sans trop de QRM. C’est bien pour cela que l’on a classifié les différents modes télégraphiques (A1A, A1B…), certains étant « pour réception auditive », d’autres « pour réception automatique ». Les ordinateurs ne sont compatibles qu’entre eux !
APPRENDRE LE MORSE
Le Morse est facile à apprendre malgré ce que l’on peut entendre dire à ce sujet. Une fois que vous l’aurez appris, et que vous saurez décoder une transmission à une vitesse de l’ordre de 10 mots à la minute, vous pourrez alors vous aventurer sans aucune difficulté sur les bandes marines ou amateurs. Si le radioamateurisme vous intéresse tout particulièrement, vous pourrez opter pour le passage d’un examen de radiotélégraphiste et ainsi avoir accès aux bandes décamétriques.
La première étape consiste à apprendre le code Morse par cœur, Inutile d’apprendre des points et des traits, mieux vaut « chanter » le code sous forme de « di » et de « dah ». Ensuite, après avoir appris le code par coeur, et pas avant de le connaître sur le bout des doigts, on peut passer à la lecture au son. Pour ce faire, il existe plusieurs solutions. Il y a les cassettes, les « professeurs de Morse », les cours sur l’air, les cours au sein d’un radio club et l’ordinateur avec son logiciel adapté (UFT, proffMorse et d’autres…). Lorsque vous aurez passé une licence, rien ne vous empêche d’aller encore plus vite, ne serait-ce que pour vous mettre au point pour un contest où le trafic se déroule entre 20 et 40 mots à la minute (un mot est égal à 5 lettres).
EXEMPLES DE QSO
Lorsque vous tenterez de décoder le Morse, à l’oreille ou à l’aide d’une machine, vous trouverez certainement quelques difficultés, au début, à comprendre le contenu de certains messages. Codes, abréviations, caractères spéciaux, sont autant d’éléments qui rendront un message incompréhensible. Sur les bandes marines, la plupart des radiotélégrammes sont en langage clair. Certaines ambassades utilisent un langage codé. Les radioamateurs utilisent de nombreuses abréviations. Voici quelques exemples :
1. QSO TYPE
CQ CQ CQ DE F6KSS F6KSS F6KSS + K
– Appel général de F6KSS fin de message (+) invitation à
transmettre (K).
F6KSS F6KSS DE F8DFO F8DFO F8DFO + KN
– F8DFO répond à F6KSS. KN signifie que F8DFO ne souhai
te converser qu’avec F6KSS
F8DFO DE F6KSS R R R GM TNX FER UR CALL =
UR RSTIS 599 5NN 5NN =
NAME IS JAMES JAMES JAMES ES QTH IS ISBERGUES ISBERGUES=
SO HW CPY ?F8DFO DE F6KSS + KN
– Reçu, bonjour, merci d’avoir répondu à mon appel. Votre
report est 599. Mon prénom est JAMES et mon lieu d’émission est
ISBERGUES. Comment me recevez-vous ?
F6KSS DE F8DFO R R R OK MARK TNX FER FB RPRT =
UR RST IS 599 5NN 5NN ALSO =
MY NAME IS ROD ROD ROD ES QTH IS NR LILLE
LILLE =
MY RIG IS YAESU FT897 PWR 50 WATTS ES ANT GP =
WX RAIN RAIN VY BAD WX HI =
F6KSS DE F8DFO + KN
– Reçu. MercI JAMES pour le bon report, votre report est 599 aussi.
Mon prénom est ROD et mon lieu d’émission près de LILLE.
Mon Transceiver est un FT-897, sa puissance est de 50 Watts et
l’antenne est une GP verticale. Quant au WX, il pleut, le temps
est très mauvais (rire).
F8DFO DE F6KSS R R R OK ROD MNY TNX FER FB
RPRT =
MY RIG IS FT857D PWR 40 WATTS ES ANT DP =
WX IS SUNNY ES TEMP FB =
MNY TNX FER FB QSO DR ROD, PSE UR QSL VIA
BURO, MY QSL SURE =
HPE CUAGN VY 73 GL ES DX =
F8DFO DE F6KSS VA VA
– Reçu, OK ROD , merci pour le bon report. Mon Transceiver est
un FT857D, la puissance est de 40 Watts et l’antenne est un
dipôle. Il fait soleil est la température est bonne. Merci pour ce
bon QSO, s’il vous plaît votre carte QSL via le bureau, je vous
envoie la mienne sûre. J’espère vous rencontrer à nouveau, 73,
bonne chance et bon DX. Fin de transmission.
F6KSS DE F8DFO R R R MNY TNX DR MARK FER
FINE QSO =
MY QSL SURE VIA BURO ALSO =
VY 73 ES HPE CUAGN F6KSS DE F8DFO VA
– Reçu, merci beaucoup pour ce bon contact. Ma QSL sûre via
le bureau aussi. 73 j’espère vous rencontrer à nouveau, fin de
transmission.
2. QSO contest
TEST F1XXX EST
– Appel contest de F1XXX
DE F6KSS
– F6KSS répond à F1XXX
F6KSS TNX CALL RST 5NNTTA 599001 QSL ? BK
-F6KSS merci d’avoir répondu, votre report est 599001 reçu ?
Break.
BK R R R TNX RST 5NNTT3 599003 73 GL BK
– Break reçu merci votre report est 599003 73 et bonne chance
break.
73 GL TEST F1XXX TEST
73 et bonne chance . Appel contest de F1XXX
source: Mark A.kentell dans Ondes Courtes Magazine de mai 1994.